Christophe Dominici : l’émouvant hommage de son père au rugbyman
Dans un lettre à son fils publiée en guise de préface dans la réédition de la biographie de "Domi", Jean Dominici rend un très bel hommage à l'ailier de l'Équipe de France.
Le 24 novembre dernier, le rugbyman retraité Christophe Dominici était retrouvé mort à 48 ans dans le parc de Saint-Cloud, dans les Hauts-de-Seine. Il serait décédé des suites d’une chute de 10 mètres, mais les circonstances de sa mort restent floues. Toute la profession et plus encore a rendu hommage à l’ailier du Stade français Paris et de l’équipe de France.
“Tu semblais apaisé, comme délivré de tous les démons qui te taraudaient”
En 2007, le joueur et Dominique Bonnot publiaient sa biographie, Bleu à l’âme, aux éditions Le Cherche Midi. Quatorze années plus tard, elle est rééditée avec une préface émouvante, une lettre à son fils signée par la main du père de l’ailier, Jean Dominici. L’ouvrage paraît aujourd’hui et L’Équipe partage en exclusivité le contenu. Dès les premières lignes, l’émotion est là :
Mon Cristh, quelque chose devenu rare depuis que tu es parti s’est produit aujourd’hui. J’ai été heureux pendant quelques minutes. Un de tes chevaux a gagné, Christophe! Tu vois, tu l’as bien choisi. Je suis sûr que de là-haut, tu l’as vu franchir la ligne en tête et ça a dû te faire plaisir à toi aussi. C’est bon d’imaginer qu’on puisse encore partager des moments de bonheur tous les deux.
J’ai su que Max était venu te rendre visite ce matin, au cimetière de la Ritorte, à Hyères où tu reposes avec ta soeur, Pascale. Ta mère y va tous les jours ; moi, tous les deux jours, j’ai du mal. Ne plus te voir. Ne plus t’entendre. C’est dur. On m’a enlevé ta soeur et c’est une partie de moi-même qui est partie avec elle. Maintenant, on m’enlève la moitié qui me faisait vivre et plus rien n’a de sens.
Concernant le décès de son fils, Jean Dominici fait de terribles confidences et évoque la mère du joueur :
Loretta m’a dit tout de suite qu’elle ne croyait pas à la thèse du suicide. Qu’elle était follement inquiète pour toi, la maladie t’envahissait, te privant de sommeil, et que quand tu parvenais à dormir un peu, ton repos était perturbé par des cauchemars. Des histoires de poursuites, d’agressions dont tu te sentais victime.
On t’a retrouvé sur le sol. Mort sur le coup, mais gisant sur le dos. Pas face contre terre comme quelqu’un qui se jette volontairement dans le vide. Ton corps n’était pas disloqué, ton visage pas abîmé. Tes ongles seulement semblaient avoir été arrachés, comme si tu avais tenté de te rattraper.
Le plus émouvant reste encore la mention de la veillée funèbre lors de laquelle les proches de “Domi” ont dit “adieu” une dernière fois à leur ami :
Nous avons dû attendre jusqu’au samedi 28 novembre, pour enfin te voir. […] Et ce que je vais te dire va te paraître bizarre, mais Christophe, tu étais… magnifique dans ton costume noir ! Tu semblais apaisé, comme délivré de tous les démons qui te taraudaient. Et toutes les personnes qui venaient se recueillir auprès de toi, m’ont semblé repartir apaisées, elles aussi. Max est resté trois jours, inconsolable. Il m’a dit : « J’ai perdu l’être que j’aimais le plus au monde. » Fabien Galthié, qui n’osait pas entrer au début, est passé et repassé plusieurs fois, refaisant la queue derrière les nouveaux venus. Ça a duré, je ne sais pas: cinq heures ! On aurait juré qu’il avait des choses importantes à te dire.
Une lettre bouleversante.