Comment « Le Parrain » a lancé une vague cinématographique dans les années 70 encore vivace aujourd’hui

Image d'illustration. The GodfatherParamount Pictures / PR-ADN
Sorti au début des années 1970, le film culte The Godfather a profondément marqué l’industrie cinématographique américaine, initiant une tendance majeure à Hollywood dont l’influence perdure encore aujourd’hui dans la production de films et de sagas.
Tl;dr
- « The Godfather » a lancé l’ère des super-grossers.
- La musique et l’effet d’événement marquent ces blockbusters.
- Hollywood privilégie désormais les mégaproductions au détriment des films moyens.
L’émergence des super-grossers : une nouvelle obsession hollywoodienne
Il est tentant de créditer Star Wars ou Les Dents de la mer pour avoir inventé le blockbuster moderne. Pourtant, un regard plus nuancé révèle que tout commence réellement avec The Godfather, sorti en 1972. Cette œuvre de Coppola n’a pas seulement remporté un triomphe critique : elle s’impose aussi comme un véritable phénomène financier, amassant près de 250 millions de dollars sur la scène internationale, alors que son budget se limitait à six ou sept millions. À l’époque, le New York Times baptise ce type de film « super-grosser », catégorie réservée à ceux qui transcendent le succès commercial pour devenir une obsession collective.
Mélodies cultes et effet d’entraînement
Qu’est-ce qui distingue alors ces « super-grossers » ? La réponse ne se limite pas aux chiffres du box-office. Selon ce même article du New York Times, plusieurs traits majeurs se dessinent. Parmi eux, la musique joue un rôle clé : les bandes originales reconnaissables entre mille – celles de The Godfather, mais aussi de Star Wars et Jaws – envahissent les radios et ancrent le film dans la culture populaire. D’ailleurs, qui n’a jamais entendu résonner en soirée l’emblématique duo de notes évoquant immédiatement le requin du film de Spielberg ?
L’effet événement : la salle, temple social du cinéma
Autre caractéristique mise en avant par des figures telles que Michael Eisner, alors président de Paramount, c’est l’effet « événement ». Le but ? Que chacun ait l’impression qu’il faut voir ce film parce que tout le monde va le voir. Les campagnes promotionnelles cherchent ainsi à créer une attente collective avant même la sortie officielle : se retrouver « aligné pour un hit avant qu’il n’existe vraiment », selon les mots d’Eisner.
D’une prise de risque mesurée à la course au gigantisme
Dans les années 1970, face au succès retentissant des premiers « super-grossers », les studios américains changent radicalement d’approche. Ils privilégient désormais des investissements colossaux dans des productions capables d’attirer massivement les foules, délaissant peu à peu les films à budgets modestes. Comme le confiait récemment Steven Spielberg, son projet « Rencontre du troisième type » ne pouvait espérer survivre sans atteindre lui-même des sommets financiers inédits.
Aujourd’hui, cette logique s’est intensifiée à l’extrême. Des blockbusters comme Avatar: The Way of Water exigent désormais plus d’un milliard de recettes mondiales pour être rentables – pari souvent gagnant, certes, mais risqué : il suffit d’un revers, comme celui d’Indiana Jones and the Dial of Destiny, pour transformer un chiffre honorable en échec cuisant. Pendant ce temps-là, bon nombre de productions intermédiaires disparaissent discrètement sur les plateformes de streaming.
On ne peut s’empêcher de constater avec une pointe d’amertume que l’héritage laissé par un film aussi subtil et mature que The Godfather, fruit d’une époque moins obsédée par le gigantisme, aurait bien du mal à trouver sa place dans l’écosystème actuel du cinéma hollywoodien.
