Gilbert Rozon : la justice l’acquitte mais la victime sort de son silence et de son anonymat pour s’exprimer
Le juré de La France a un incroyable talent a été acquitté par la justice, mais pour la juge le "verdict d’acquittement ne signifie pas que les incidents reprochés ne se sont pas produits".
Oroducteur québécois et fondateur du festival Juste pour rire, Gilbert Rozon fut l’un des jurés phare de l’émission La France a un incroyable talent depuis ses débuts en 2006 jusqu’à ce qu’il soit congédié onze ans plus tard. Accusé de viols par différentes femmes en 2017, il fut l’imprésario de Charles Trenet jusqu’à sa mort et le producteur des plus grands humoristes français Franck Dubosc, Dieudonné, Florence Foresti, mais aussi de son compatriote Stéphane Rousseau.
“Il ne faut pas baisser les bras”
Déjà accusé en 1998 d’agression sexuelle sur une jeune fille de 19 ans, il avait été condamné à une peine légère (une amende de 1 100$) puis avait reçu une absolution inconditionnelle. Lors de la vague de dénonciations du mouvement #MeToo aux États-Unis, qui touchera rapidement le Québec, il est accusé par neuf femmes d’harcèlement ou d’agression. L’affaire qui lie l’une d’entre elles à Gilbert Rozon vient d’être acquitté, la juge Mélanie Hébert de la Cour du Québec ayant estimé que le procès opposant deux versions contradictoires ne permettait pas de de conclure à la culpabilité de G. Rozon “hors de tout doute raisonnable”.
Pour autant, il n’en ressort pas blanchi, car selon la juge, le “verdict d’acquittement ne signifie pas que les incidents reprochés ne se sont pas produits“. Et une victime présumée, Annick Charette, tient à rappeler l’iniquité du système judiciaire, que la juge a souligné tout au long de verdict. C’est la première fois qu’elle apparaît à visage découvert, et Le Télé Journal a recueilli son témoignage :
On est dans de l’application des règles de droit parce qu’il y a une procédure, une grille qui est apposée en droit criminel “hors de tout doute raisonnable”. La Cour n’a pas établi la preuve “hors de tout doute raisonnable”, mais comment peut-elle l’établir quand deux versions contradictoires sont mises l’une vers l’autre ? […] Ce n’est pas comme dans un procès où l’on oppose deux preuve matérielles. C’est un procès où l’on oppose deux versions. On me dit [que mon témoignage] est crédible, qu’il est solide, mais semble-t-il pas assez pour amener une condamnation. […] Mais il ne faut pas baisser les bras. Le droit ne précède jamais la société, c’est la société qui change le droit. Si la société juge que ce n’est pas équitable, que ce n’est pas valable, c’est la société qui doit se mettre en œuvre pour changer cela.