Pour Sylvester Stallone, un défaut majeur mine les films d’action contemporains

Sylvester Stallone, icône du cinéma d’action, pointe du doigt une faille majeure qu’il observe dans les productions actuelles du genre. L’acteur vétéran partage ses réflexions sur l’évolution des films d’action et leurs principaux travers aujourd’hui.

L’ère des superhéros supplante les héros d’action traditionnels

Depuis une décennie, le paysage du cinéma d’action a subi une transformation radicale. Fini le temps où les figures de John Rambo ou de John McClane incarnaient des hommes ordinaires confrontés à l’extraordinaire. Aujourd’hui, les jeunes générations plébiscitent les exploits surhumains des capés de Marvel et DC, ou l’agilité improbable de tueurs quasi-mythiques. Rares sont les productions qui osent encore miser sur un protagoniste ancré dans le réel. Certes, Tom Cruise, tel un vestige résistant, continue de repousser les limites à travers « Top Gun: Maverick » ou la saga « Mission Impossible ». Mais derrière ces blockbusters, on retrouve surtout une machine à nostalgie alimentée par des budgets colossaux — loin de la fraîcheur jadis apportée par les films à moyens réduits.

Sylvester Stallone : un regard désabusé mais lucide

Ce glissement vers le spectaculaire n’a rien d’anodin pour ceux qui ont façonné le genre. Figure indissociable du cinéma musclé des années 80 et 90 aux côtés de son éternel complice et rival Arnold Schwarzenegger, Sylvester Stallone déplore aujourd’hui la perte de ce qu’il considère comme l’essence même du film d’action. À l’occasion d’un entretien accordé à The Hollywood Reporter, il n’a pas mâché ses mots, critiquant la prépondérance grandissante du numérique et des effets spéciaux : « [Les grands films d’action], c’est comme acheter une montre vintage… parce que c’est fait main. Ce n’était pas exagéré ni surnaturel. C’était quelque chose qu’un humain unique pouvait accomplir… Dans « First Blood », il n’y a aucun plan en CGI. Le public se dit : ça, c’est vraiment spécial. »

L’évolution du genre : entre nostalgie et course à l’esbroufe

Difficile de lui donner tort tant le marché semble saturé de superproductions tapageuses vite oubliées sitôt le générique tombé. Marvel, DC, mais aussi nombre de films indépendants peinent désormais à offrir plus qu’une succession d’exploits numériques déconnectés du réel. Les films où l’on pouvait s’identifier au héros se font rares ; aujourd’hui, même les œuvres plus modestes comme celles portées par Taylor Sheridan ou certains projets indépendants à la « Rebel Ridge » deviennent exceptionnelles.

À y regarder de près, on retrouve encore çà et là quelques pépites — pensons aux dernières créations de George Miller, « Fury Road » ou « Furiosa », qui arrivent à conjuguer tension viscérale et puissance narrative — mais force est de constater que :

• L’authenticité laisse place au clinquant numérique.
• Le mythe du héros ordinaire s’efface derrière la surenchère visuelle.
• Le public adulte nostalgique semble désormais relégué au second plan.

Nostalgie ou renouveau ?

Reste cette question lancinante : assiste-t-on à la fin définitive du film d’action « à l’ancienne », ou percevra-t-on bientôt un retour du héros humainement faillible ? Si rien ne permet encore de trancher, certains créateurs — tel Sheridan — montrent que tout espoir n’est pas perdu pour ceux qui veulent croire en un renouveau du genre.