Un film d’animation Disney, seul à cumuler nominations aux Oscars et aux Razzie Awards

Image d'illustration. Le Bossu de Notre-DameDisney. / PR-ADN
Un célèbre film d’animation des studios Disney détient une particularité unique dans l’histoire du cinéma : il est le seul long-métrage du genre à avoir été nommé à la fois aux Oscars et aux Razzie Awards.
Tl;dr
- Le film a reçu une Razzie injustifiée en 1997.
- « Le Bossu de Notre-Dame » fut acclamé pour sa musique et son audace.
- La tonalité sombre du film a divisé public et critiques.
Un film Disney au cœur des controverses
Parmi les productions les plus audacieuses de Disney, difficile d’oublier Le Bossu de Notre-Dame. Sorti en 1996, ce long-métrage a étonné par la gravité de ses thèmes, rarement abordés dans l’animation familiale. Pourtant, le film s’est vu attribuer l’année suivante une nomination peu flatteuse aux Golden Raspberry Awards, pointant du doigt un scénario jugé indigne d’un succès dépassant les cent millions de dollars au box-office. Un choix qui laisse perplexe quand on se souvient que ce même film a également été salué pour sa bande-son exceptionnelle aux Oscars ainsi qu’aux Annie Awards, où il a décroché treize nominations.
L’adaptation difficile d’une œuvre sombre
Tirer une histoire accessible du roman noir de Victor Hugo, tel fut le pari risqué des réalisateurs Gary Trousdale et Kirk Wise. Dans cette version animée, le personnage central, Quasimodo, continue d’incarner la différence et la solitude, mais avec une certaine douceur apportée par la patte Disney. L’essentiel du récit original – drames humains, tourments religieux, rejet social – subsiste néanmoins sous une forme atténuée. Le plus frappant reste sans doute la représentation du juge Frollo, qui poursuit Esmeralda d’une obsession malsaine ; sa chanson « Hellfire » atteint un degré de noirceur rarement osé dans l’animation américaine. Malgré tout, Disney prend quelques libertés : happy end remanié, place amoindrie de la dimension religieuse… Une manière, certainement, d’alléger un propos intrinsèquement tragique.
L’équilibre tonal : entre grande ambition et maladresses assumées
C’est sur la question du ton que le bât blesse selon certains. Si l’on retrouve des titres puissants tels que « Out There » ou « God Help The Outcasts », où l’émotion prédomine, l’irruption des gargouilles burlesques suscite des réactions partagées. Ces personnages secondaires étaient censés offrir une respiration comique pour éviter que le film ne sombre dans un pathos trop pesant. Cependant, plusieurs critiques considèrent que leur présence dessert l’intensité dramatique du récit.
Voici quelques points relevés par les critiques :
- Dissonance tonale : alternance entre gravité extrême et légèreté enfantine.
- Courage artistique : traitement mature de sujets sensibles pour Disney.
- Sacrifice narratif : concessions faites à la tradition Disney pour un public familial.
Bilan contrasté mais reconnaissable
Au final, difficile de nier que Le Bossu de Notre-Dame s’impose comme une tentative unique au sein du répertoire Disney. Entre admiration – parfois gênée – des professionnels (comme Roger Ebert) et scepticisme exprimé par d’autres (The New York Times, notamment), le film cristallise encore aujourd’hui les débats sur ce qu’un dessin animé peut oser raconter sous le label Disney. Mais n’est-ce pas justement cette tension entre ambition narrative et contraintes commerciales qui confère au film son statut singulier ? Ceux qui n’y voient qu’un simple échec pourraient bien passer à côté d’un chef-d’œuvre imparfait mais inoubliable.
